Le livre de ceinture, une curiosité du Moyen Âge

Le livre de ceinture est une invention du Moyen Âge, qui est en quelque sorte l’ancêtre du smartphone. Il s’agit d’un livre de format réduit, dont la reliure en cuir est prolongée par une partie souple, ce qui permet d’accrocher le livre à sa ceinture et de l’avoir tout le temps à portée de main.

L’histoire du livre de ceinture :

Un livre de ceinture tenu à la main (The Presentation of the Virgin Mary in the Temple of Jerusalem, Hans Holbein, 1493)

 

Le livre de ceinture est apparu au XIIIe siècle. Il était majoritairement utilisé par les moines, le clergé, la bourgeoisie et la noblesse; mais peut-être également par certains membres du tiers état. En effet, contrairement à une idée reçue, il n’était pas impossible que des personnes exerçant des activités manuelles, savaient tout de même lire et écrire, car de nombreuses écoles étaient gratuites et accessibles quelque soit le statut social, depuis l’époque de Charlemagne, bien que l’école était non obligatoire.

Cependant, il reste peu probable que les livres de ceinture furent achetés en grand nombre par des membres du tiers état, étant donné le coût de production particulièrement élevé de ces livres à la conception non conventionnelle, alors qu’un livre ordinaire coûtait déjà très cher.

 

Utilité du libre de ceinture :

Le livre de ceinture permettait de transporter son livre, tout en ayant les mains libres. La reliure de ce livre est particulière car en plus de pouvoir permettre une accroche à la ceinture, elle permet également de protéger le livre des chocs et des intempéries.

Livre de ceinture dans une représentation de 1482 (Triptyque Le Jugement dernier, Jérôme Bosch, après 1482)
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Modèles de livres de ceinture :

Voici ci-dessous un livre de ceinture datant de 1471, avec une reliure en cuir et des renforts métalliques, permettant d’éviter d’endommager le livre en cas de collisions.

Livre de ceinture datant de 1471 exposé à Nuremberg
La partie souple du livre permet de l’accrocher à la ceinture

 

 

Le livre de ceinture est souvent construit avec le texte inversé vers le bas, afin de permettre sa lecture sans le détacher de la ceinture.

Le texte est à l’envers lorsque le livre et suspendu

 

 

Le livre de ceinture dans l’iconographie :

Le livre de ceinture se trouve dans de nombreuses iconographies et statues médiévales. Représenter ce livre permettait de montrer que la personne sur l’image avait une certaine érudition ou encore une sainteté particulière.

Représentation de Sainte Lucie avec un livre de ceinture (Retable de Saint-Martin, Bernardino Butinone, 1485)
Statue d’un apôtre (Danemark)

 

Un livre montrant son statut social :

A partir du XVe siècle, le livre de ceinture devient un accessoire de mode, qui sert notamment au femmes pour montrer leur statut social.

Des modèle encore plus petits seront réalisés en Angleterre au XVIe siècle et seront portés à la cour royale.

Mary I Reine d’Angleterre et son livre de ceinture (Hans Eworth, 1553)
Psalmodier (1536) de Anne Boleyn, épouse d’Henri VIII

 

 

La disparition des livres de ceinture :

Par la suite, le livre de ceinture disparaitra ensuite progressivement vers la fin du XVIe siècle avec la multiplication des livres d’imprimeries.

 

 

 

Conclusion :

Ce livre de ceinture, qui était tout le temps à portée de main et qui était affiché publiquement pour montrer son statut social, n’est pas sans rappeler l’usage actuel du smartphone. La prochaine fois où vous voudrez exhiber votre smartphone pour le montrer aux autres, rappeler-vous que votre comportement est Moyenâgeux ! 😉

 

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2 réflexions sur « Le livre de ceinture, une curiosité du Moyen Âge »

  1. Bonjour, Pourriez-vous m’indiquer le titre et l’auteur des tableaux ?
    Merci ! Votre article est passionnant. Bonne fin de semaine
    Cordialement
    Catherine Beaucourrt

    1. Bonjour, merci !
      Dans l’ordre d’apparition :
      – The Presentation of the Virgin Mary in the Temple of Jerusalem,
      Hans Holbein – 1493
      – Triptyque : Le Jugement dernier, Jérôme Bosch – après 1482
      – Retable de Saint-Martin, Bernardino Butinone – 1485
      – Mary Tudor, Hans Eworth – 1553
      Bonne fin de semaine à vous également !

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