Pierre Terrail de Bayard est un chevalier de la fin du Moyen Âge, dont les actes ont étés synonymes de bravoure, de loyauté au roi et d’esprit chevaleresque. Le chevalier Bayard représente avec brio les valeurs de la chevalerie française du Moyen Âge, avec notamment son refus lors des batailles de participer aux pillages des villes. Il suscitera l’admiration autant des ses compagnons que de ses ennemis.
Les débuts du chevalier Bayard :
Pierre Terrail naquit en 1476 à Pontcharra (commune, actuellement située dans le département de l’Isère) au château Bayard, une maison-forte, construite par son arrière grand-père, Pierre Terrail premier du nom, dit le Vieux.
Les Terrail sont une famille de la noblesse dauphinoise, dont quatre de ses membres ont péris au cours de la guerre de Cent Ans. L’art de vivre et de mourir et le sens aigu de l’honneur sont des valeurs essentielles dans cette famille. Pierre est l’aîné de huit enfants, dont quatre garçons.
Malgré leur noblesse, les Terrail avaient un train de vie relativement modeste. Si Pierre Terrail peut entrevoir une carrière militaire, c’est grâce à la générosité de son oncle Laurent Alleman, frère de sa mère et évêque de Grenoble, qui lui obtiendra notamment une place en tant que page à la cour du duc de Savoie, Charles Ier.
Il partira ensuite à Turin pour faire son apprentissage des armes, puis terminera ses études militaires à la cour de France.
En 1493, à l’âge de 17 ans, il entre en tant qu’homme d’armes dans la compagnie du comte de Ligny.
Peu après avoir rejoint cette compagnie, Bayard a déjà l’occasion de faire connaître sa bravoure, cela le rend rapidement célèbre malgré son jeune âge. En effet, sous Charles VIII, il fait « merveille d’armes » dans de nombreux affrontements liés aux guerres d’Italie.
En 1496, à la mort de son père, Pierre prend le titre de seigneur de Bayard.
Bayard participe à plusieurs combats en temps que fantassin dont il ressortira victorieux, notamment un duel l’opposant au capitaine espagnol Alonzo de Soto Mayor. Il s’était également distingué six mois plus tôt lors d’un combat d’honneur à onze contre onze contre les Espagnols.
L’épisode du pont de Garigliano :
En 1504 les Français et les Espagnols s’affrontent dans le royaume de Naples. Les Français qui ont de nombreux soldats malades ou blessés, décident de battre retraite, ils traversent alors le pont de Garigliano mais sont poursuivis par 200 cavaliers espagnols. Bayard étant resté seul à l’arrière-garde fait face aux cavaliers espagnols qui traversent le pont, fort étroit, ce qui leur impose de se présenter un à un devant lui.
Avec vaillance, Bayard combat les cavaliers espagnols un par un au fur et à mesure qu’ils traversent le pont et parvient à tenir sa position.
Il faudra une persuasive ardeur de ses compagnons pour qu’il en laisse quelques-uns prendre le relais. C’est finalement l’artillerie française, mise en batterie sur la rive opposée, qui contraindra les Espagnols à reculer ce qui mettra fin à la bataille.
Néanmoins, par la suite l’arrivée du reste de l’armée espagnole forcera les Français à battre une nouvelle fois en retraite, retraite qui les mènera à la déroute, car les Français perdront un grand nombre d’hommes, morts ou prisonniers.
L’Espagne en ressortira ensuite victorieuse et gagnera la domination sur le royaume de Naples.
Si cette bataille n’a pas permis de faire ressortir la France victorieuse, elle fit néanmoins entrer Bayard dans la légende.
Bayard, gouverneur du Dauphiné :
Bayard assure la fonction de lieutenant-général du Dauphiné, dont il assure la gouvernance.
Il prend très à cœur ses fonctions et s’applique à lutter particulièrement dans trois domaines qui sont : la peste, les inondations et les brigands.
La mort du Chevalier Bayard :
Le 29 avril 1524 à Rebec dans le Milanais, Bayard est présent à l’arrière-garde pour couvrir la retraite de l’armée, il est alors assailli par des cavaliers ennemis et reçoit un coup d’escopette dans le dos. La colonne vertébrale brisée, il demande à ses compagnons de le quitter pour éviter que ces derniers ne soit fait prisonnier et leur dit : « Je n’ai jamais tourné le dos devant l’ennemi, je ne veux pas commencer à la fin de ma vie ».
Déposé au pied d’un arbre, les chefs ennemis conscients de sa renommée viennent à son chevet et lui manifestent leur compassion.
Le connétable de Bourbon qui s’était retourné contre le roi de France et servait à la tête des troupes de Charles Quint, vint également le voir et dit :
– « Ah ! Monsieur de Bayard, que j’ai grand-pitié de vous voir en cet état, vous qui fûtes si vertueux chevalier ! »
Selon mémoires de Martin du Bellay écrites vers 1540 Bayard répondit fièrement:
– « Monsieur, il n’est besoin de pitié pour moi, car je meurs en homme de bien ; mais j’ai pitié de vous, car vous servez contre votre prince et votre patrie ! ».
Il agonise dans le camp adverse, pleuré par ses ennemis.
Lieux d’inhumation du chevalier Bayard, la Collégiale Saint André et le couvent des Minimes :
Le corps de Bayard est ramené en France à Grenoble le 20 mai 1524 et il est ensuite enterré au couvent des Minimes de Saint-Martin-d’Hères (près de Grenoble), couvent fondé en 1494 par l’oncle de Bayard, évêque de Grenoble.
Ses restes sont transférés le 21 août 1822 en la collégiale Saint-André de Grenoble. Cependant par la suite des polémiques éclaterons, car le corps enterré à la collégiale Saint-André est ensuite identifié comme celui d’une jeune fille et non celui de Bayard. Suite à ces incertitudes, d’autres fouilles, effectuées plus récemment au couvent des Minimes auraient permis d’identifier en 2017, le crâne de Bayard.
– La collégiale Saint André :
A l’intérieur de la collégiale Saint André de Grenoble se trouve un mausolée funéraire dédié à Bayard et sur la place Saint-André, on trouve une statue de Bayard sculptée par Raggi.
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La tombe de Bayard se trouve dans la Collégiale Saint André depuis 1822.
– Le couvent des Minimes :
Lieu de l’inhumation du chevalier Bayard en 1524, le couvent des minimes à été fondé en 1494 à Saint-Martin-d’Hères par Laurent Alleman, évêque de Grenoble et oncle de Bayard, le couvent est le siège provincial de l’Ordre des Minimes. Ce couvent de Saint-Martin-d’Hères sera ensuite abandonné avec le déménagement de l’Ordre pour le Couvent des Minimes de Grenoble, fondé en 1646.
À la Révolution, le couvent est vendu comme bien national. Il sera ensuite racheté en 1986 par la commune de Saint-Martin-d’Hères pour en faire des locaux à usage culturel. Il a accueilli jusqu’au 16 avril 2007 plusieurs associations culturelles.
Dans la nuit du 16 au 17 avril 2007, le couvent est ravagé par un incendie.
Aujourd’hui le couvent est en piteux état et aucun projet de restauration ne semble prévu.
La photo ci-dessous à été prise depuis un trou dans un mur, on y voit le cloître, dégradé avec de nombreux graffitis sur des palissades et les piliers.
En résumé :
La bravoure et la loyauté du chevalier Bayard l’ont fait entrer en son temps dans la légende. Cependant l’histoire de Pierre Terrail et les valeurs qu’il portait ne semblent plus avoir autant de reconnaissances aujourd’hui, comme le montre l’état actuel du couvent des Minimes laissé à l’abandon.